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Mairehau Primary School, un exemple d'école inclusive

Cette semaine, j’ai rencontré John Bangma, directeur de l’école Mairehau Primary School, à Christchurch.

Sa philosophie, la confiance qui règne dans l’école et la joie de toute l’équipe enseignante m’ont de suite saisie.

Après avoir traversé l’immense jardin, un vrai paradis, rempli d’arbres et de terrains de jeu, je suis arrivée dans le bureau de John Bangma. Passionné par la question de l’inclusion scolaire, il en a fait son crédo.

Qu’est ce que l’inclusion ?

Pour John Bangma, l’inclusion est une part importante de son école primaire. Il croit fortement que tous les enfants ont le droit d’aller dans une école publique et qu’il est du devoir de l’équipe enseignante de l’adapter pour qu’elle soit accessible. L’inclusion ne s’applique pas seulement aux enfants handicapés, elle s’applique également aux enfants surdoués, ceux qui ont besoin d’un peu plus de soutien, les minorités, quelqu’elles soient …etc.

Il n’y a pas d’excuse pour ne pas apprendre au sein de cette école. Tous les enfants ont le droit d’apprendre et c’est à l’école de s’adapter en fonction du rythme des élèves. L’école reçoit l’aide de personnes, qui n’ont pas le diplôme de professeur, mais qui sont là pour seconder l’équipe enseignante et pour soutenir les élèves qui en ont besoin.

Cette école accueille plusieurs enfants handicapés. Certains ont un handicap très sévère. Mais, loin d’être un point négatif, c'est une vraie leçon pour les élèves, qui apprennent dès le plus jeune âge à ressentir de l’empathie, à être tolérant et compréhensif. Créer une école inclusive et adaptée à tous les besoins n’est pas seulement bénéfique pour les enfants handicapés, c’est un enrichissement incroyable pour l’ensemble des élèves. La variété de profils rend l’école bien plus intéressante et enrichissante.

De jolies illustrations

Avant de venir à Mairehau Primary School, une des élèves étudiait dans une école spécialisée. Elle pleurait tous les jours avant d’y aller car elle n’y était pas épanouie.

L’école (Mairehau Primary School) lui a donc trouvé un aidant afin de permettre son intégration. Après deux jours à Mairehau Primary School, elle a pleuré….parce qu’elle ne voulait pas partir de l’école ! Elle a tout de suite été acceptée, les enfants la saluaient, jouaient avec elle ou passaient simplement un peu de temps en sa compagnie pendant la récréation. Elle n'est jamais seule et fait pleinement partie de l'école primaire.

Un autre élève ne voulait pas entrer dans la salle de classe car, très sensible au bruit, il ne supportait pas le volume sonore. Il a passé plusieurs mois en dehors de la salle de classe, avec son aidante. Il était donc dans l’enceinte de l’établissement, mais, pour son bien être, suivait le programme et effectuait ses exercices dehors.

Cet enfant était non verbal en arrivant à l’école Mairehau. Il ne communiquait avec aucun de ses camarades, ne jouait avec personne. Il restait simplement là, à faire ses exercices ou ses propres activités.

Cinq ans plus tard, c’est un membre à part entière de sa classe et de l’école. Il a des amis qui prennent soin de lui, fait parti du spectacle de l’école. Comme tous les élèves sur la scène, il chantait, dansait…

La semaine dernière il a même représenté l’école lors d’une compétition d’athlétisme ! Alors effectivement, parfois il fera un petit bruit bizarre, mais personne ne se retourne ou ne se moque de lui. Les élèves ont grandit avec lui, ils savent que ces sons font partie de sa personnalité et cela n’a pas vraiment d’importance.

Ces enfants sont donc pleinement acceptés dans une école publique, qui s’adapte à leur besoins, certes, mais qui continue son programme. Ils prennent part entièrement au programme de l’école. Quand les élèves font un travail d’écriture, ils écrivent aussi, quand c’est le moment de la lecture, ils lisent, et quand c’est au tour du sport, ils feront du sport. Même si ces activités doivent être adaptés, à leur niveau, à leur capacité, à leur handicap, ils font partie de l’école et tout est mis en oeuvre pour qu’il le ressente ainsi.

Alors évidemment on peut se poser la question suivante : les autres élèves, qui n'ont pas de besoins particuliers, sont-ils désavantagés ?

Lors de mon passage à l'école Mairehau, j'ai rencontré la maman d'un enfant "neurotypique" et sans besoin particulier. Elle m'a confié être très heureuse de ce fonctionnement et n'avoir jamais ressenti que son enfant était moins instruit, apprenait moins bien ou que le professeur avait moins de temps à lui consacrer. Au contraire, elle est fière que son enfant soit, dès le plus jeune âge, bercé par ces valeurs de tolérance et de compréhension de l'autre.

Ecole de droit commun ou école spécialisée ?

John Bangma estime que ce choix revient entièrement aux parents, car ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant.

En Nouvelle Zélande, tous les enfants peuvent aller dans une école publique « classique ».

Mais les parents ont également l’option de l’école spécialisée. Ils peuvent choisir la meilleure solution, selon eux, pour leur enfant. Parfois, certains handicaps sont si sévères que les parents préfèreront un encadrement spécifique.

Cependant, il n’est pas juste de fermer les portes des écoles de droit commun à tous les enfants ayant un handicap car ils représentent une merveilleuse opportunité.

John Bangma reprend l’exemple d’une élève avec un handicap très sévère, qui étudie à Mairehau Primary School. Elle rentrerait probablement dans la catégorie des élèves qui ne conviennent pas au circuit scolaire basique. Mais ses parents ont choisit de l’intégrer quand bien même. Et l’équipe enseignante reconnait qu’elle apporte tellement aux autres élèves. Ces élèves, qui ont eu la chance de grandir et d’étudier avec elle, ne regardent pas les personnes en chaise roulante de façon étrange, c’est juste normal pour eux. Ces enfants reconnaissent la différence d’une manière naturelle, elle n’a pas d’importance.

En n’intégrant pas ces enfants, l’école passerait à côté d’une grande opportunité.

Tout en reconnaissant la difficulté que représente l'inclusion d'un élève lourdement handicapé, John Bangma considère qu’avec de bonnes ressources, des professeurs et des adultes capables de les soutenir, l’inclusion est possible.

Les professeurs doivent croire inconditionnellement en la capacité de l’enfant à apprendre. Ce ne sera pas forcément au même niveau, peut-être pas non plus le contenu exact. Mais l’enfant ira à l’école et apprendra.

Quel est le plus grand obstacle à l’inclusion scolaire ?

Le plus grand obstacle est évidemment financier. L'école n'a pas suffisamment d'argent pour pouvoir soutenir ces enfants, leur apporter autant que l’école le souhaiterait. Mais, en étant réaliste, il n’y aura jamais assez d’argent. Alors, on a le choix, s’assoir et se plaindre parce qu’il n’y a pas assez d’argent ou alors se demander comment réussir, comment faire marcher l’école. Une solution peut être par exemple réunir les enfants ayant un handicap dans une classe. Ainsi, ils ont suffisamment avec un aidant pendant la journée, car ils n’auront peut être pas tous besoin de soutien en même temps, ou alors ils pourront s’arranger pour travailler en groupe quand la demande est multiple.

Le deuxième obstacle est la dépendance d’un élève à un professeur ou à un aidant. Le but de l’école est de rendre l’enfant indépendant, libre. C'est pourquoi John Bangma privilégie le travail en groupe plutôt que les sessions seul à seul avec un enfant ayant des besoins spéciaux. Travailler en groupe est une réelle inclusion, c’est un travail qui a plus de sens.

Que diriez-vous aux écoles qui n’ont pas encore franchi le cap de l’inclusion ?

J’encourage toutes les écoles à regarder l’opportunité que représentent ces élèves dans nos écoles et le bénéfices qu’elles peuvent en tirer, en observant les réactions des élèves. Il ne faut pas se focaliser sur le côté négatif, sur un éventuel échec. Les difficultés, les problèmes médicaux ne nous arrêtent pas. En les intégrant dans notre école, nous gagnons tellement plus que ce que nous leur offrons. Il faut simplement penser que c’est quelque chose de positif de les avoir dans notre école. Essayez, vous pourrez seulement comprendre après l’avoir expérimenté, et vous verrez le plaisir que vous éprouverez en observant les résultats.

Que feriez-vous pour créer un monde plus inclusif ?

Je n'ai pas le pouvoir de rendre toutes les écoles du monde, ni même de Nouvelle Zélande, totalement inclusives. Mais ce que je peux faire, c’est m’assurer que cette école l’est et que j'ai l’opportunité d’en parler positivement pour inspirer. Je suis plus qu’heureux de célébrer cette école et cette philosophie.

Je pense qu’accepter qu’il y a des limites, mais continuer de faire de son mieux fera que, dans quelques années, nous verrons des changements. De plus en plus de personnes seront intégrées et acceptées, telles qu’elles sont.

Cela est d'autant plus vrai pour les personnes avec autisme. Ce spectre est tellement large, et on les enferme dans ce terme, qui rend leur inclusion scolaire d’autant plus difficile. Avant, ces enfants étaient vus comme des originaux, ou des excentriques, maintenant ils sont enfermés dans cette classification. Mais ce sont ces enfants qui font que notre travail est intéressant et chaque jour enrichissant. Ils ont autant à nous apporter et à nous apprendre. Je pense que nous devons juste regarder le côté positif et voir où cela nous mène.

Et peu importe le handicap, cela n’a pas d’importance. Je pense que ce qui est important c’est d’avoir une large variété d’enfants à l’école, car ainsi est notre société.

Ma façon de changer le monde serait ainsi : un enfant, une école à la fois, et cela fera la différence.

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