Une bulle de bien-être créée par les espaces multisensoriels
Lors de ma visite de l’association Altogether Autism, à Hamilton, j’ai fait une découverte curieuse et passionnante.
Après l’entretien, Catherine Trezona m’a proposé d’explorer leur chambre multisensorielle, ou espace snoezelen.
Ces espaces sont spécialement conçus pour pouvoir stimuler chaque sens, notamment au travers d'effets lumineux, de jeux de couleurs, de sons, de musique, de parfums, etc.
Les murs sont recouverts de différents textures afin de permettre une exploration tactile. Le sol est agencé de façon à stimuler la recherche d'équilibre.
L'espace est complètement adaptable afin de permettre de stimuler plusieurs sens à la fois, ou au contraire, se concentrer sur un seul sens, en fonction des besoins et des envies de la personne stimulée.
L'adaptation se fait en jouant sur les différents paramètres de l'espace que sont les éclairages, les huiles essentielles, les sons et les textures.
Ce type de pièce multisensorielle peut se retrouver dans de nombreuses écoles spécialisées, pour donner aux enfants la possibilité d’avoir un répit, se reposer s’il sont trop stimulés ou au contraire extérioriser s’ils ne peuvent pas le faire lors de la journée, ou réagir suite à la crise d’un de ses camarades. Ces espaces dits "snoezelen" existent également dans des habitations privées, essentiellement dans les familles comptant une personne handicapée, mais pas exclusivement.
Un peu d’histoire
Lancée au Centre Hartenberg à Ede (Pays-Bas) vers 1974 par Ad Verheul et Jan Hulsegge, le snoezelen est une pratique de stimulation visant à établir une relation personnelle, dans un milieu naturel ou non, permettant de vivre une expérience sensorielle, subjective et constructive.
Le terme Snoezelen est la contraction de deux mots hollandais :
- « snueffelen » : renifler, sentir,
- « doezelen » : somnoler, se laisser aller à la détente.
Ils décrivent une approche combinant la relaxation et la stimulation sensorielle.
La philosophie snoezelen repose sur trois activités :
la relaxation,
la découverte,
l'interactivité.
Ce concept, le plus souvent indiqué dans la prise en charge des personnes polyhandicapées (adultes comme enfants), s’ouvre maintenant à un plus large public tel que les maisons de retraite ou encore pour la prise en charge de personnes atteintes d’Alzheimer.
Une stimulation multisensorielle
L'approche snoezelen entraine des sollicitations sensorielles douces, diversifiées, où tous les sens pourront être sollicités séparément ou simultanément : la vue, le toucher, l'odorat, le sens de l’équilibre (vestibulaire), l'audition.
Ces propositions doivent être douces dans une atmosphère propice et un climat sécurisant.
Objectifs
L'approche snoezelen n'a en principe pas d'objectif éducatif ni thérapeutique mais force est de constater qu’il produit des effets dans ces deux dimensions.
Le seul objectif déclaré est de proposer un loisir. Etymologiquement, le mot loisir vient du latin licere : être permis, temps dont quelqu’un peut disposer pour faire ce qu’il a choisi, temps suffisant pour faire un choix.
Cet objectif suppose donc la liberté du choix et le respect du rythme.
Le snoezelen est donc une pratique non-directive. L'objectif est de donner du bien-être à la personne stimulée au travers du plaisir que lui procure l'activité qu'elle effectue.
La démarche est basée sur l'éveil de la personne stimulée au monde extérieur par le biais de son corps et de ses cinq sens. Cet éveil permet à la personne stimulée de rendre une meilleure conscience de l'ici et maintenant et ainsi de donner plus de substance à sa relation au réel.
L'accompagnateur apporte son aide en écoutant les réponses aux stimuli et en agissant sur l'ambiance si nécessaire.
L’autre élément fondamental du Snoezelen est la sécurité :
En effet les potentialités de chacun ne peuvent émerger que dans un climat de sécurité. Le lieu d’accueil doit donc donner de la sécurité, par sa conception, par les matériels qu’il contient, par la qualité de l’accompagnement qui constitue à lui seul un facteur de sécurité.
Référentiels
La démarche snoezelen est empirique (elle n’est pas validée sur le plan scientifique) et se base sur des stimulations sensorielles simples.
Il n’existe pas de référentiels théoriques propres à la démarche snoezelen, elle est basée sur les référentiels suivants :
Le concept « VAKO » (Visuel, Acoustique, Kinesthésique, Olfactif) de la P.N.L (Programmation NeuroLinguistique) :
les techniques psycho-musicales, corporelles et de la musicothérapie ;
«la stimulation basale» de FROLHLICH : cette approche vise à participer à l'évolution des personnes ayant un polyhandicap ou des handicaps graves, en permettant une meilleure compréhension de ce qu'ils sont, en partant de leurs ressources personnelles et en tenant compte de leurs besoins fondamentaux et spécifiques. Il s'agit d'une approche globale et positive ;
la pyramide des besoins de MASLOW : représentation pyramidale de la hiérarchie des besoins ;
l’aromathérapie : utilisation des composés aromatiques extraits de plantes, les huiles essentielles, à des fins médicales.