Papé Papoul, les délices de l'Aveyron aux service de l'inclusion professionnelle
En France, 700 000 personnes présentent un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Si les statistiques nationales manquent cruellement en terme d’emploi des personnes avec TSA, des études européennes ont démontré qu'elles sont majoritairement exclues du monde du travail.
Cette situation peut être résolue par deux acteurs : les pouvoirs publics par la prise en compte de ces chiffres alarmants et surtout les entreprises.
De nouveaux modèles émergent, (pour relire l'article sur Specialisterne, c'est ici !) et prouvent que la diversité des personnes avec TSA ne doit pas être perçue comme un point négatif mais, au contraire, comme une force de travail.
Il est alors nécessaire de revaloriser la place de l’atypisme, la vision de l’autisme dans le monde du travail et montrer, que, loin d’être un fil à la patte, une équipe neurodiverse peut s’avérer être un réel avantage compétitif.
Quand les entreprises ne voient pas encore ce potentiel, des parents s’organisent pour créer ces entreprises qui accueilleront les personnes avec autisme, trop marginalisées.
Crédit photo : Papé Papoul
C’est dans un joli village du Vaucluse, à Sarrians, que j’ai rencontré Jean-Claude Madaule, sa femme Béatrice et leur fille Julia.
Ils m’ont accueillie dans leur atelier, où sont stockés les produits Papé Papoul, ornés d’un super personnage basque au béret noir. Cette illustration est l’oeuvre de Jean-Claude Madaule, librement inspirée d’un de ses oncles paysans aveyronnais.
Jean-Claude, aveyronnais d’origine, a choisi des produits de petits producteurs, « d'authentiques trésors de la gastronomie aveyronnaise »
Mais ce commerce n’a pas été créé seulement pour faire découvrir les merveilles aveyronnaises. Il est surtout né de l’envie de donner à leur fille, Julia, une opportunité d’emploi.
Après avoir lutté des années pour offrir à Julia la scolarisation la plus ordinaire possible, après avoir bataillé pour obtenir le droit d’avoir un éducateur accompagnant à l’école, plusieurs passages devant le tribunal pour faire valoir ses droits, Jean-Claude et Béatrice luttent désormais pour lui dessiner un avenir professionnel en milieu ordinaire.
Ils affirment que la difficulté d’accès à l’emploi de leur fille n'est pas due à ses aptitudes professionnelles mais à ses lacunes en terme de compétences sociales.
Julia a déjà effectué des stages, brillamment. Ce qui dérange, c’est son atypisme social, alors que professionnellement, c’est une employée modèle, méthodique et perfectionniste.
Dans un premier temps, les produits aveyronnais sont vendus sur les marchés pour faire connaitre le produit et cette démarche d’un nouveau genre. Mais le marché est sujet à beaucoup trop d’improvisation. Cela ne convient pas vraiment à Julia, qui a besoin de cadre structuré.
Ils ont donc eu l’idée de développer un drive. Les clients effectuent alors leur commande en ligne, Julia prépare la commande et la remet au client lors de sa venue.
Crédit photo : Papé Papoul
Dans l’atelier de Sarrians, tout a été minutieusement étudié pour créer un lieu de travail idéal pour Julia. Des codes couleurs sur les étiquettes permettent de différencier les contenances au premier coup d'oeil, des noms des produits écrits de façon plus lisible et un rangement optimisé permettent de structurer le travail.
Attentifs aux réactions de leur fille, Jean-Claude et Béatrice testent de nouvelles méthodes pour permettre à Julia de devenir la plus autonome possible dans ce cadre de travail.
Le drive semble alors être le mode le plus adapté et le plus structuré.
Et leur projet de drive solidaire ne s’arrête pas là. Ils comptent développer leur activité afin d’embaucher une personne avec autisme chargée du référencement du site internet.
A côté de ce projet, Jean-Claude Madaule a intégré le Conseil d’Administration d'Autisme Sans Frontières afin d'amorcer un réel travail d'information et de sensibilisation à l'emploi des personnes autistes.
En collectant des initiatives sur le territoire français, il a la ferme intention de montrer que ces expériences fonctionnent, et de changer la vision péjorative de l'autisme auprès des employeurs, notamment.
Crédit photo : Papé Papoul